Maquillage : Artifice ou Nécessité ?



Aujourd'hui, j'avais envie de sortir de l'article "conseils" où je regroupe toutes les connaissances que j'ai sur un sujet pour vous les livrer. J'avais envie qu'un dialogue s'installe et que l'on explore ensemble ce qu'est notre rapport au maquillage. Comment on le vit, que l'on se pose la question ou pas d'ailleurs.
En cosmétiques les choses sont simplifiées. Il y a une manière de faire en fonction de notre référentiel : si on décide de consommer bio ou de suivre les recommandations d'une marque en particulier, d'une école ou d'un spécialiste. Là, on touche à la subjectivité, au ressenti, surement au sociétal et certainement, à l'inconscient. 
Cette réflexion est partie d'une conversation avec une amie sur notre rapport au maquillage. Nos avis et notre ressenti étaient opposés.
Évidemment, loin de moi tout jugement, chacun entretient un rapport différent au maquillage, sans qu'une hiérarchie soit à considérer. 

Personnellement, mon rapport au maquillage a toujours été celui du plaisir. Je ne me maquille que lorsque j'en ai envie, jamais par nécessité.
Exception faite de mes expériences professionnelles dans le milieu de la cosmétique, où la question ne se pose même pas. Envie ou non, cela fait partie de l'uniforme que l'on se doit de porter.
En dehors du travail, je me maquille rarement. Je peux passer plusieurs jours sans me maquiller et cela ne me dérange pas. Je sors de chez moi, fais mes courses, prends les transports en commun, sans une once de maquillage. Je ne me suis jamais sentie mal à l'aise par rapport à ce choix. Également, mon cercle familial, amical ou même professionnel ne m'a jamais fait de remarques à ce sujet.


Ma vision du soin et de l'esthétisme


Mon rapport au maquillage s'inscrit dans une bonne décennie de problèmes de peaux. Adolescente, je n'avais pas spécialement envie de me maquiller. Et contrairement à beaucoup, je mettais la santé de ma peau avant l'esthétique. C'est bien connu, se maquiller n'a jamais aidé la peau à aller mieux. Hors de question pour moi de compromettre tous les efforts de soins que je mettais en place. Je tenais donc à laisser ma peau respirer. Et puis, à vouloir cacher, on attire souvent l'attention. Il est très délicat de masquer des inflammations correctement, sans effet de matière ou sans plomber le teint.

Finalement, je me maquille depuis peu. Je n'ai donc jamais porté de maquillage au collège, au lycée, ou même durant mes études supérieures. Encore une fois, cela ne m'a jamais posé de problèmes.

Je considère également que se maquiller est un art. Le rituel a ses techniques et certaines règles à suivre si l'on veut réussir un look soigné et qui maximise les atouts de son visage.
Quand je suis maquillée, je suis "beaucoup" maquillée : fond de teint, correcteur, blush, enlumineur, sourcils, mascara et souvent rouge à lèvres. Ce qui est primordial dans ma routine, c'est le travail du teint. Je trouve que cette étape change tout au rendu d'un maquillage.


Qu'est-ce qui fait que l'on est "trop" maquillée ? 


Cette notion de quantité n'est-elle pas réellement culturelle ? D'une culture à l'autre, les routines de soins et de maquillage différent. Tout comme la notion de beauté et de ce qui constitue le beau. La manière dont je me maquille est-elle "trop", prise dans un référentiel français ? Dans une culture où le naturel et la sophistication simple et discrète sont érigés en chic absolu ? Je pense que cela peut être un début de réponse. On peut s'en apercevoir rapidement si on passe quelques temps dans un autre pays. J'ai notamment en tête l'Angleterre, où la routine de maquillage la plus basique est globalement assez poussée par rapport à la France. Le type de maquillage que je porte constitue là-bas LA norme. Pour aller plus loin, il pourrait même être qualifié de maquillage à la française ou parisien. Drôle n'est-ce pas ?

Est-ce que le "trop" vient d'un effet de matière ou d'un maquillage trop travaillé ? D'expérience, davantage du premier. On peut être très maquillée, sans que personne ne le remarque, si tout est fait subtilement et avec légèreté. Beaucoup ne voient alors que l'ostensible : le mascara, le rouge à lèvres s'il diffère de la couleur naturelle des lèvres.

Est-ce que le "trop" vient d'un maquillage artificiel, donc d'un maquillage qui ne cherche pas à mimer le naturel ? D'un maquillage qui devient artistique, qui joue sur l'artifice ? 

Sauf que le "trop" peut poser problème. Je m'en suis rendue compte dans certains domaines professionnels où les critères intellectuels sont valorisés. J'ai été surprise de constater qu'être maquillée et avoir travaillé sa mise en beauté pouvait desservir, que cela pouvait remettre en question certaines compétences. Ne peut-on pas être soignée ET compétente ? Est-on nécessairement superficielle si l'on se met en valeur ?
Dans ce type de milieu, porter un maquillage artificiel peut compromettre notre crédibilité. La pression sociale se charge par la suite de venir à bout de notre choix. Ainsi, je me suis retrouvée à ne pas pouvoir porter le maquillage que je désirais, dans le but de rester professionnelle. 

Le naturel est alors survalorisé, il devient la définition de la beauté. Mais de quel naturel parle-t-on?


Peut-on paraitre soigné sans maquillage ?


De l'autre côté du prisme, il y a le moins, le sans maquillage. 
Il y a cette différence que je fais entre porter du maquillage et paraitre soignée. On peut être négligée et porter du maquillage. 
Le maquillage est évidemment un outil de sophistication, s'il est  bien fait. Pour autant, je considère que l'on peut être très féminine et élégante sans maquillage.
Pourquoi dans tant de milieux et pour tant de personnes, on ne peut pas faire soignée sans maquillage ? La mise en beauté devient LE signe du soin que l'on apporte à soi-même. Sans maquillage, on est vite rangé dans la case : "ne prend pas soin d'elle". 

Si on met ce constat en perspective avec le précédent: il faudrait rester suffisamment naturelle tout en se maquillant un minimum. Cette exigence devient la norme, ce qui est attendu de la femme. Si l'on en sort, en ne se maquillant pas ou en se maquillant "trop", les interprétations fusent. Et elles sont évidemment souvent négatives. 
Où se situe alors notre part de choix ?


"La beauté commence à l'instant où l'on a décidé d'être soi-même." Coco Chanel


Je ne suis pas de celles qui remettent en question le maquillage tout court. Je trouve cette possibilité de jouer sur l'esthétisme de son visage extraordinaire. Le maquillage offre de grandes possibilités créatives. Le maquillage est un moyen, pas une fin en soi.

Cependant, dans nos sociétés, le maquillage devient rapidement une nécessité. Nécessité que l'on s'impose à soi-même, nécessité que l'autre nous impose. Une nécessité qui a pourtant ses codes: le maquillage doit mimer le naturel. L'artifice n'est pas reconnu comme ce qu'il est, un artifice, et surtout, il n'est pas accepté dans sa valence positive et ses capacités créatives.

J'aimerai que l'on ait la possibilité de choisir : de ne pas se maquiller, de se maquiller en mimant le naturel, de se maquiller en utilisant ce médium comme un artifice créatif. Que ces choix ne deviennent pas le support des jugements que porte autrui sur nous, le support des jugements que l'on se porte à soi-même.



Et vous, quel est votre rapport au maquillage ?
Que pensez-vous de la perception du maquillage dans nos sociétés ou dans d'autres ?
Avez-vous vécu des expériences similaires ?






Crédits photographiques : Féminarrer (2016).

Commentaires

  1. Coucou ;) Super article bien écrit! Pour la petite histoire, moi je me maquille depuis mes 14 ans, juste "naturellement" donc au lycée, le teint (poudre), faj, et surtout les yeus ;) Je faisais attention scrupuleusement que le résultat final soit discret et naturel. Mais avant tout je prenais soin de ma peau, et vouiii sacrée acné, donc je n'ai jamais appliqué mon make up sans ma crème de jour. En fait j'étais un garçon un manqué, avec des cheveux très longs, mais un garçon manqué quand même! J'étais mordue de sport, et je n'acceptais pas de ne pas être féminine en tenue de sport tout simplement.Puis , les weekend et les premières amours naissaient, et j'aimais me sentir femme, donner une image autre que de la sportive! Du coup ça surprenait de me voir vêtue "féminin" avec des talons et un make up plus soutenu.
    Le make up, pour moi, a toujours été le petit plus, refusant de ressembler à un pot de peinture, ou de camoufler mes imperfections avec x couches de fond de teint. Le petit plus qui me faisait me sentir bien dans ma peau. Mais je ne me maquillais pas à l'époque, comme aujourd'hui d'ailleurs, tous les jours, ni même tous les weekends. Parce avant tout se faire du bien c'est se sentir bien dans sa peau, et n'aimant pas avoir des habitudes, mon make up suit mes humeurs tout l'harmonisant au mieux avec ce que je souhaite faire ressortir au mieux (féminité, couleur des yeux, sensualité, etc..). Je sors sans souci faire mes courses sans make up mais jamais sans ma crème de jour! ;)
    Elodie.

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    1. Merci Élodie pour ce partage, d'avoir pris le temps de commenter de manière si précise! Nos visions et nos parcours sont relativement similaires. Je pense aussi que l'important reste la décontraction et la souplesse dans ce rapport au maquillage ! Comme toi, jamais sans les soins visages ! A bientôt !

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  2. Bonsoir  j’ai enfin eu le temps de lire !! et pas déçu du voyage !!J’adhère complètement !! :)

    Je suis fan du maquillage depuis mon plus jeune âge, je n’ai pas eu le droit de me maquiller tôt hélas.. .et quand j’ai commencé cela était surtout pour camoufler au mieux les problèmes d’acnés, qui ont encore la vie dure, malgré mon âge… je ne suis pas encore mamie ;) ouf

    Donc priorité au teint et au fur et à mesure j’adorai mettre mes yeux en valeur, c’est ce que je préfère. Après je ne me maquille pas tous les jours. Seulement quand j’en ai envie, pour une occasion, une sortie entre copine, pour le travail si besoin …

    On peut se mettre en valeur sans maquillage, être bien coiffée, bien habillée … le maquillage c’est du bonus, qui nous permet de jouer avec les couleurs, avec notre état d’esprit, un coup de pouce pour prendre de l’assurance, d’être coordonné à nos tenues, on a vraiment de quoi faire pour s’amuser…

    Le trop n’existe pas pour moi, se maquiller c’est un art, car ressembler à un pot de peinture non merci, on peut en mettre plein et que ca soit bien fait ; sophistiqué sans la vulgarité…

    J’ai appris toute seule mais j’ai hâte de faire des formations professionnelles pour exercer le métier avec d’autres choses combinées. Voili voilou :)

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    1. Je suis ravie que mon article t'ait plu ! Merci pour ce beau commentaire !
      Ah cet acné, il aura embêter nombre d'entre nous ! On partage en effet le même point de vue :) C'est un superbe projet que de commencer des formations dans le domaine, j'y ai songé également, bonne continuation et à bientôt !

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  3. bonsoir, article de fond qui va bien au-delà des préoccupations de fille qui ne sont pas à mépriser non plus; ce que je veux dire c'est que j'aime bien l'approche qui consiste sur un sujet comme le maquillage de venir à se poser la question de la perception qu'ont les autres de notre personne suivant que l'on répond ou non aux critères presque comportementaux établis par la société; personnellement, je me maquille considérant que cela comme la touche finale au soin quotidien; un aspect soigné pour soi et aussi pour les autres;je pense qu'il est important d' apporter du soin au corps, entre autre le visage pour la question du jour,comme une petite discipline pour un maintien du mental, comme un facteur de l'équilibre corps/esprit;au même titre , nombre de femmes se remontent le moral en allant chez le coiffeur se refaire une tête pour se sentir mieux! prendre alors le maquillage comme la traduction de l'état d'esprit du jour qui peut parfois être débordant d'enthousiasme ce que les autres appelleraient "trop maquillé"
    bon voilà des réflexions un peu en vrac...
    Encore bonne idée d'article! bravo à la prochaine! MUTTI

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    1. Merci pour votre commentaire Mutti ! J'aime votre vision très féministe du maquillage, comme respect de soi pour soi et les autres. J'aime aussi ce que vous pointez, d'une féminité qui demande de l'attention et qui est à soigner, entretenir, parfaire ! Cela soulève d'autres questions et ce me donnerait même des idées pour une suite à ce premier article ! A bientôt =)

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